Les maladies mentales sont en nette augmentation en France depuis la pandémie du Covid. Au point que les pouvoirs publics ont mis en place le dispositif « Mon soutien psy », qui permet la prise en charge de 12 séances chez un psychologue.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), près d'une personne sur quatre sera touchée par un trouble mental au cours de sa vie. En France, les souffrances psychologiques ont particulièrement augmenté, notamment chez les jeunes et les femmes, depuis les confinements instaurés pour limiter la propagation du Covid-19. C’est pourquoi le gouvernement a lancé, le 5 avril 2022, le dispositif « Mon parcours psy », rebaptisé « Mon soutien psy » en 2023.
Ce programme prévoyait la prise en charge de 8 séances de consultation chez un psychologue conventionné avec l’Assurance maladie par personne et par an. Depuis le 15 juin 2024, le nombre de séances pouvant être remboursées a été porté à 12. Contrairement aux consultations des psychiatres, qui sont des médecins, les consultations des psychologues n’étaient pas, jusqu’ici, prises en charge par la Sécurité sociale et, en conséquence, pas non plus par les complémentaires santé (hormis certains contrats). Ce non-remboursement pouvait constituer un frein que « Mon soutien psy » lève en partie.
Comprendre Mon soutien psy : éligibilité et exclusions
Toute personne âgée de 3 ans et plus peut bénéficier, par le biais du dispositif « Mon soutien psy », de la prise en charge de 12 séances de consultation chez un psychologue par an. Elle peut consulter uniquement pour des troubles anxieux ou dépressifs d’intensité légère à modérée, une consommation abusive d’alcool, de tabac ou de cannabis (hors situation de dépendance) ou encore des troubles du comportement alimentaire sans critères de gravité.
Ne sont pas éligibles à « Mon soutien psy » :
- les enfants de moins de 3 ans ;
- les personnes présentant un risque de suicide ;
- les personnes présentant des formes sévères de troubles dépressifs ou anxieux ;
- les personne souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA) graves (anorexie, crises de boulimie, hyperphagie…) ;
- les personnes ayant des troubles neurodéveloppementaux sévères (déficience intellectuelle, autisme…) ;
- les personnes avec des antécédents psychiatriques sévères dans les 3 ans ;
- les personnes dépendantes aux substances psychoactives (alcool, tabac, cannabis etc…) ;
- les patients actuellement en affection de longue durée (ALD) ou en invalidité pour motif psychiatrique ou en arrêt de travail de plus de 6 mois pour un motif psychiatrique ou s'étant retrouvés dans l'une de ces situations depuis moins de deux ans.
Le parcours de prise en charge psychologique avec Mon soutien psy
Dès lors qu’elle se sent stressée, angoissée, déprimée, anxieuse, qu’elle éprouve des difficultés à dormir, qu’elle a sensiblement augmenté sa consommation de tabac et/ou d’alcool, qu’elle n’a plus d’appétit ou, au contraire, mange trop, une personne peut faire appel au dispositif « Mon soutien psy ». Avant le 15 juin 2024, elle devait d’abord consulter un médecin ou une sage-femme (pour les femmes enceintes).
Si le professionnel de santé le jugeait nécessaire, il prescrivait des séances chez un psychologue. Une telle ordonnance n’est aujourd’hui plus obligatoire. Pour autant, il est toujours recommandé d’avoir l’avis d’un médecin (ou de la sage-femme) avant de solliciter le programme. Avec ou sans prescription médicale, la personne doit contacter un psychologue partenaire de « Mon soutien psy » (voir plus loin) parmi ceux recensés dans l’annuaire en ligne conçu à cet effet (https://monsoutienpsy.ameli.fr/recherche-psychologue) pour prendre rendez-vous.
Modalités de remboursement et prise en charge des séances psychologiques
La personne doit être affiliée à l’Assurance maladie. Elle paie, selon le choix du psychologue, à la fin de chaque séance ou de plusieurs séances de consultation. Le tarif est fixé à 50 euros la séance (40 euros avant le 15 juin 2024). Le psychologue ne peut pas pratiquer de dépassement d’honoraire.
Le psychologue complète une feuille de soins avec les actes payés et la remet au patient. Celui-ci envoie la feuille de soins à sa caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) après l’avoir remplie et signée. La CPAM rembourse la part prise en charge par l’Assurance maladie (voir plus loin) et télétransmet les données à la complémentaire santé de l’assuré s’il en a une.
Les psychologues vont progressivement être équipés de terminaux de carte Vitale. Le patient pourra alors ne pas avoir de frais à avancer grâce au tiers payant intégral (voir plus loin).
Comprendre la participation de l'Assurance maladie
L’Assurance maladie prend en charge 60% des 50 euros de séance (soit 30 euros). Aucun dépassement d’honoraire (les tarifs de consultation des psychologues peuvent atteindre jusqu'à 120 euros) n’est remboursé.
Le rôle des complémentaires santé
Dans le cadre de « Mon soutien psy », les contrats dits « responsables » des complémentaires santé, qui représentent 95% des mutuelles, ont l’obligation de rembourser la part non prise en charge par l’Assurance maladie. Ils remboursent ainsi 20 euros (40% de 50 euros) pour chaque séance. L’assuré n’a donc aucun reste à charge.
Grâce au système de télétransmission NOEMIE (Norme ouverte d'échanges maladie avec les Intervenants extérieurs) qui permet l’échange d’informations dématérialisées entre la Sécurité sociale et les complémentaires santé, l’assuré n’a aucune démarche à réaliser. Le remboursement de la mutuelle s’effectue automatiquement.
Choisir un psychologue partenaire de Mon soutien psy
Les psychologues partenaires de Mon soutien psy doivent remplir 3 critères :
- disposer d’un numéro RPPS (répertoire partagé des professionnels de santé) - l’identifiant unique des professionnels de santé - et être inscrit à l’Agence régionale de santé (ARS) ;
- être titulaire des diplômes permettant d’utiliser le titre de psychologue ;
- justifier d’une expérience professionnelle en psychologie clinique ou en psychopathologie d’au moins 3 ans.
Le psychologue doit avoir signé une convention avec l’Assurance maladie pour participer au dispositif « Mon soutien psy ». Il figure alors dans l’annuaire des psychologues partenaires qui est régulièrement réactualisé.
Pour choisir son psychologue, la personne se connecte à l’annuaire en ligne de Mon soutien psy. Elle indique le nom et le code postal de sa commune de résidence. Il est conseillé de privilégier les psychologues proches de chez soi ou de son travail. On peut aussi préférer être suivi(e) par un homme ou par une femme.
Le mieux est de téléphoner pour prendre rendez-vous. L’échange téléphonique avec le psychologue peut guider aussi le choix final du thérapeute. La première séance est une prise de contact et une évaluation par le psychologue du besoin de la personne qui consulte et du nombre de séances nécessaire. Il est possible de changer de psychologue partenaire en cours de programme.
Accompagnement psychologique à distance
Les séances de consultation peuvent être réalisées à distance (visioconférence, téléphone), hormis la première séance d’évaluation qui doit obligatoirement avoir lieu en présentiel. La consultation en distanciel peut être une solution pour les personnes âgées ou handicapées qui éprouvent des difficultés à se déplacer ou celles qui habitent dans un désert médical.
L’annuaire Mon soutien psy permet de sélectionner les psychologues partenaires qui acceptent les séances à distance. Ces dernières sont prises en charge de la même manière que les séances en présentiel.
Comprendre le fonctionnement du tiers payant avec Mon soutien psy
Le tiers payant obligatoire, c’est-à-dire l’absence d’avance de frais, est possible pour :
- les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CSS), une mutuelle réservée aux personnes dont les ressources sont modestes ;
- les soins en lien avec une maternité (à partir du 6ème mois de grossesse)
- les soins en lien avec une ALD (cancer, diabète, hypertension, insuffisance cardiaque...)
- les soins en lien avec un accident du travail ou une maladie professionnelle (AT-MP)
- les bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME), une couverture destinée aux étrangers en situation irrégulière sur le territoire français.
Les personnes qui sont dans l’une de ces situations doivent en informer le psychologue. Ils doivent, selon les cas, présenter lors de la première séance leur carte Vitale, une attestation de leurs droits à l’assurance maladie, leur carte AME ou leur attestation CSS. Le psychologue leur fait signer la feuille de soins à la fin de la séance et l’envoie à l’Assurance maladie qui le rémunère directement.
Gestion des situations d'urgence et prévention du suicide
En cas de crise psychologique, il faut appeler les numéros d’urgence : le 15 (le numéro du Samu), le 18 (le numéro des pompiers) ou le 112 (le numéro d’urgence européen). En cas de risques suicidaires, il faut contacter le 3114 (le numéro national de prévention du suicide).
Il existe d’autres soutiens à la prévention du suicide :
- SOS Amitié, un service d’écoute gratuit, anonyme et confidentiel 24h/24 et 7j/7 pour les personnes qui traversent des difficultés : 09 72 39 40 50 ;
- Fil Santé Jeunes, un service d’écoute anonyme et gratuit pour les 12-25 sur les thèmes de la santé, de la sexualité, de l’amour et du mal-être, tous les jours de 9h à 23h : 0 800 235 236 ;
- Suicide Écoute, une permanence d’écoute téléphonique 24h/24 et 7j/7 : 01 45 39 40 00 ;
- SOS Suicide Phénix, accueil et écoute téléphonique anonyme de 13h à 23h : 01 40 44 46 ;
- Phare Enfants-Parents, un espace d’accueil et d’écoute contre le mal-être et la prévention du suicide des jeunes destinés aux parents et aux jeunes, du lundi au vendredi, de 10h à 17h : 01 43 46 00 62.