Les traitements anti-Covid : un espoir pour les malades et le monde
La recherche de traitements anti-Covid continue et mobilise les grands laboratoires pharmaceutiques et start-up en biotechnologie : le point sur ces médicaments.
Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, avait annoncé que des traitements anti-Sars-CoV-2 pourraient arriver dès l’automne. En attendant, les autorités médicales s’accordent à dire que le vaccin demeure le meilleur remède.
Si certaines molécules, telle la fameuse hydroxychloroquine, ont été écartées, tous les laboratoires mondiaux et de nombreuses start-up biotech travaillent jour et nuit pour en trouver de nouvelles.
Les traitements par anticorps monoclonaux* semblent, à ce jour, donner les résultats les plus positifs. Ils ne peuvent pas être administrés par voie orale, et doivent donc être injectés sous la peau ou en perfusion intraveineuse ; cela dépend des cas. Leur haute technicité en explique le prix très élevé : plus de 1 000 € la dose de Ronapreve.
Le Ronapreve
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) permet déjà l’utilisation du Ronapreve pour certains patients hospitalisés.
Ce médicament est utilisé depuis longtemps dans le traitement de certains cancers, des rejets de greffe, des maladies inflammatoires et d’autres maladies chroniques, telle la maladie de Crohn.
Cette molécule consiste en l’association de deux anticorps monoclonaux qui ciblent la protéine Spike*, porte d’entrée du virus dans notre organisme.
Ronapreve est développé par le laboratoire suisse Roche en association avec Regeneron, société américaine de biotech. Injecté uniquement à l’hôpital dans des cas très précis, le coût du Ronapreve est un frein à son utilisation massive.
L’AZD7442
Mis au point par AstraZeneca, groupe suédo-britannique, l’AZD7442 est un antiviral à anticorps monoclonaux qui doit permettre de réduire le risque de développer une forme grave de la Covid-19.
Destiné d’abord aux patients fragiles, il a été testé sur plus de 5 000 d’entre eux dans plusieurs pays, avec 77 % de résultats positifs, et aucun décès à déplorer. Agissant en amont, cette molécule pourrait renforcer la résistance des patients à l’infection, et ce durablement.
Le laboratoire a d’ailleurs demandé une autorisation de mise sur le marché qui est en cours d’étude.
Le Tocilizumab
Utilisé traditionnellement pour traiter la polyarthrite rhumatoïde, le Tocilizumab est un anti-inflammatoire de la famille des anticorps monoclonaux, produit par le laboratoire Roche. Il agit en bloquant le récepteur d’une protéine, l’interleukine 6, susceptible de favoriser une hyper-inflammation et d’aggraver la manifestation du virus. Injecté en intraveineuse et d’un coût quasi équivalent à celui du Ronapreve, il a d’abord donné de bons résultats. Une étude publiée en mars 2021 dans The Lancet a noté une baisse du nombre des décès et des malades mis sous respirateur.
Toutefois, un essai clinique mené au Brésil a dû être interrompu suite à plusieurs morts inexpliquées, sans pour autant que cela puisse être attribué au médicament.
À suivre donc…
Un traitement français à base d’anticorps polyclonaux*, le XAV-19
Le laboratoire nantais Xenothera innove avec un traitement qui, en boostant l’immunité du patient, vise à neutraliser le virus.
Il est ainsi possible d’éviter les effets de la maladie, ainsi qu’une hospitalisation en réanimation, possiblement mortifère.
Testé avec succès sur 800 malades, le XAV-19 n’a pas encore de prix, ni d’autorisation de mise sur le marché (attendue courant 2022), mais l’État français, confiant, a déjà précommandé 30 000 doses.
Un traitement antiviral, le Molnupiravir
Ce puissant traitement antiviral permet de réduire la charge de Sars-CoV-2 et de stopper la reproduction du virus dans l’organisme, quel qu’en soit le variant. Mis au point par le laboratoire américain Merck associé à son compatriote Ridgeback Bio, spécialiste des biotechs, le Molnupiravir a l’avantage de se présenter sous forme de comprimés, à prendre deux fois par jour dès le dépistage. Très prometteur et relativement peu coûteux, il a donné de bons résultats lors d’une série de tests menée depuis mars dernier.
Toutefois, très mutagène*, on le soupçonne d’être cancérigène, ce qui pourrait obérer son autorisation de mise sur le marché… et son succès.
Bien d’autres molécules occupent les laboratoires, dont le Clofoctol, actuellement étudié par l’institut Pasteur de Lille, ou l’Ivermectine, dont l’ANSM a pour l’instant refusé l’autorisation d’utilisation temporaire pour traiter et prévenir la Covid-19.
Le temps où l’on prendra quelques comprimés pour guérir de la Covid n’est pas encore là. Certains spécialistes pensent toutefois qu’il arrivera, et que le bout du tunnel est en vue. Rendons d’ailleurs hommage aux milliers de chercheurs qui, de par le monde, travaillent à éradiquer la pandémie.
*Petit lexique :
Anticorps : protéine de défense qui reconnaît un virus ou une bactérie et qui alerte le système immunitaire pour l’éliminer
Anticorps monoclonal : neutralise une seule protéine spécifique
Anticorps polyclonaux : mélange de plusieurs anticorps
Mutagène : qui altère le matériel génétique
Protéine Spike : présente à la surface Sars-CoV-2, sert au virus à se fixer