Aymeric Forest, responsable des Stratégies d'Investissement et de l'Ingénierie Financière chez AXA Investment Managers, analyse les perspectives d'investissement dans un contexte de croissances mondiales désynchronisées et d'incertitudes accrues.
Découvrez les stratégies à adopter pour naviguer dans ce paysage complexe mais maîtrisable.
2024 a été marquée par un atterrissage économique en douceur, l'élection de Trump et la forte performance des actions américaines, dont l’Intelligence Artificielle.
Serait-ce une transition vers une année 2025 caractérisée par des rendements d’actifs plus faibles et une incertitude accrue ? Alors que l'économie mondiale navigue entre des croissances régionales désynchronisées, une allocation d'actifs avisée et une gestion active des portefeuilles seront nécessaires pour s'adapter.
En 2024 (30 novembre), le S&P 500(1) a progressé de 29 %, soit 34 % en euros. Il s’agit du deuxième rendement annuel consécutif supérieur à 25 %. Une première depuis 1998. Les actions européennes ont sous-performé leurs homologues américains de 20 %. Une croissance des bénéfices plus lente, combinée à des risques politiques, ont pesé sur le sentiment des investisseurs européens. Les marchés d'actions et d'obligations français ont encore davantage sous-performé, notamment après les élections de l'été.
Pendant ce temps :
- le marché immobilier chinois a continué de chuter, impactant la croissance domestique et le moral des investisseurs, malgré quelques efforts de relance monétaire au quatrième trimestre,
- les obligations à haut rendement ont délivré 7 % et surpassé les obligations d'État, en raison de risques de défaut faibles et une demande régulière des investisseurs orientés vers les revenus,
- les baisses de taux attendues de la Banque Centrale Européenne (BCE) ont affaibli l'euro et renforcé le dollar.
En 2025, les divergences économiques régionales devraient persister, voire s'accentuer. Le secteur des services aux États-Unis devrait rester résilient. Les ralentissements manufacturiers en Europe et en Chine ne devraient pas s'améliorer dans un contexte de risques croissants de guerre commerciale. Les politiques de Trump, incluant les tarifs douaniers, pourraient alimenter l'inflation mais pas avant 2026.
La croissance des bénéfices aux États-Unis devrait s'élargir au-delà des "7 Magnifiques"(2) dominées par la technologie. Un ensemble plus large d'actions, y compris les petites capitalisations, pourrait bénéficier de la déréglementation et des politiques favorables dans les secteurs de l'énergie, de l'Intelligence Artificielle et de la finance. En moyenne, les sociétés cotées de l’indice S&P 500 devraient augmenter leurs bénéfices par action de 12 % l'année prochaine. Cette progression à deux chiffres serait une première depuis trois ans si nous excluons les "7 Magnifiques". Les marchés européens et émergents pourraient continuer à faire face à des vents contraires. Cependant, à mesure que leur valorisation baisse, de nouvelles opportunités pourraient émerger, en particulier si l'euro améliore leur compétitivité, si le coût de la dette diminue, ou si la Chine stimule son économie.
Les politiques des banques centrales évoluent également. Alors que la Réserve fédérale américaine pourrait suspendre ses baisses de taux en mars, la BCE pourrait réduire ses taux de 150 points de base l'année prochaine, ce qui devrait stimuler les obligations de la zone euro et continuer à favoriser le dollar. Dans ce contexte, les obligations à haut rendement restent une alternative intéressante aux fonds monétaires. Enfin, certains actifs alternatifs, cotés ou non, pourraient améliorer la diversification d’un portefeuille dans un contexte d'incertitude.
(1) Le S&P 500, Standard & Poor 500, est le principal indice des valeurs boursières américaines
(2) Les "7 Magnifiques" sont un groupe de 7 actions qui comprennent Apple, Microsoft, Amazon, Alphabet (Google), Meta Platforms (Facebook), Nvidia et Tesla, appelés ainsi en raison de leur domination capitalistique et de leur influence sur le marché boursier global.
Aymeric Forest, CFA (Chartered Financial Analyst) a rejoint AXA Investment Managers en mai 2024 à Londres en tant que responsable des Stratégies d'Investissement et de l'Ingénierie Financière. Il co-préside le forum de décision sur l'allocation tactique d'actifs et est membre de l'équipe de direction des investissements d'AXA IM Select, sous la responsabilité de leur CIO. Aymeric a plus de 25 ans d'expérience dans la gestion de stratégies d'investissement, la gestion de portefeuille et la recherche dans l’allocation d’actifs.