Les héritiers d’un entrepreneur décédé doivent souvent payer des droits de succession élevés. Des solutions fiscales existent pour réduire leur imposition.

Transmission d’entreprise et droits de succession élevés : comment les réduire ?

Un chef d’entreprise est généralement le seul propriétaire ou l’actionnaire majoritaire de sa société. À son décès, son entreprise ou ses parts du capital sont comme ses biens immobiliers ou ses placements financiers comptabilisées dans son patrimoine et soumises à ce titre aux droits de succession. Or, si son époux, épouse ou partenaire de Pacs1 est exonéré(e) de frais successoraux, ce n’est pas le cas pour ses autres proches. Par exemple, si le chef d’entreprise lègue sa société ou ses titres à ses enfants, chacun d’entre eux sera assujetti au-delà de 100.000 euros aux droits de succession, dont le taux d’imposition peut atteindre 45 %.

Pour une personne extérieure à la famille du défunt, c’est pire puisqu’il n’y a pas d’abattement et que le taux grimpe à 60 %. Sachant qu’une entreprise peut être facilement estimée à plusieurs centaines de milliers d’euros, voire plusieurs millions d’euros, les droits de succession à payer peuvent être très conséquents pour les héritiers du dirigeant d’entreprise décédé. Il existe toutefois des solutions pour limiter l’imposition des ayants droit d’un chef d’entreprise.

Le Pacte Dutreil : un levier pour alléger les droits de succession

La loi du 1er août 2003 pour l’initiative économique, dite « loi Dutreil » (en référence à Renaud Dutreil, alors secrétaire d’État aux PME, au Commerce, à l’Artisanat, aux Professions libérales et à la Consommation) a instauré un dispositif visant à éviter aux proches d’un entrepreneur d’être, au décès de ce dernier, trop imposés au point souvent de devoir vendre l’entreprise ou les parts de celle-ci reçues en héritage. Le Pacte Dutreil est un engagement entre le chef d’entreprise et ses futurs héritiers conclu sous seing privé ou par acte authentique (devant notaire), qui permet un abattement sur les droits de succession à hauteur de 75 % de la valeur de la société ou des titres.

Que ce soit sous seing privé ou devant notaire, l’engagement doit être envoyé au service des impôts pour être recevable. Le Pacte Dutreil s’applique à toutes les entreprises à l’exception des sociétés civiles immobilières (SCI) familiales et des holdings qui ne sont pas animatrices de leur groupe et qui n’exercent pas une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale.

Assurance décès : une solution pour réduire l’imposition successorale

Pour protéger financièrement ses proches tout en leur évitant d’être trop imposés à sa disparition, le chef d’entreprise peut également souscrire une assurance décès. À la souscription, il désigne la ou les personnes qui recevront un capital à sa disparition et en fixe le montant.

Si le dirigeant d’entreprise meurt avant 70 ans, seule la dernière prime annuelle est taxée. Mais comme chaque bénéficiaire désigné dispose d’un abattement de 152.500 euros, aucune imposition ne s’applique dans les faits. Si le chef d’entreprise meurt après 70 ans, les primes versées après cet âge sont soumises aux droits de succession après application d’un abattement commun à tous les bénéficiaires de 30.500 euros.

Avantages du contrat de prévoyance CAP d’AGIPI pour les entrepreneurs

Le contrat de prévoyance CAP d’AGIPI destiné aux indépendants et aux entrepreneurs prévoit le versement d’un capital décès aux bénéficiaires, mais aussi d’une pension au conjoint survivant ou à une autre personne désignée par l’assuré. En outre, si le chef d’entreprise décède avant ses 75 ans, une rente éducation est servie à ses enfants jusqu’à leur 26e anniversaire.

Enfin, le contrat CAP d’AGIPI est éligible à la loi Madelin (du nom de l’ex-ministre des Entreprises et du Développement économique, Alain Madelin). L’entrepreneur peut, à ce titre, déduire ses cotisations de son revenu professionnel, à hauteur d’un certain plafond2.

(1)  À condition que le partenaire de Pacs ait été désigné par l’entrepreneur comme son héritier par testament.

(2) 3,75 % des bénéfices imposables auquel s'ajoute 7 % du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), dans la limite globale de 3 % de huit fois le PASS. Avec un PASS fixé à 46.368 euros en 2024, le plafond de déduction fiscale pour les contrats de prévoyance Madelin s’élève à 11.128,32 euros cette année.

Cet article a été rédigé avec les informations connues au 22/10/2024. L’ensemble des informations communiquées est susceptible d’évoluer à chaque instant.

Qu’avez-vous pensé de cet article ?

Note moyenne : 5 / 5. Nombre de votes : 2

Aucun vote, soyez le premier !

Nous sommes désolé que vous n'ayez pas trouvé cet article utile

Let us improve this post!

Dite nous comment nous pourrions l’améliorer

Découvrez les autres guides sur le produit Prévoyance

Prévoyance
Date de publication
08.11.2024
Durée de lecture
6 min.

La prévoyance dans le BTP

Compte tenu des risques de leurs métiers, les artisans et salariés du secteur du bâtiment et des travaux publics ont...
Lire la suite
Prévoyance
Date de publication
13.03.2023
Durée de lecture
9 min.

Prévoyance invalidité : comment bénéficier de la rente invalidité ?

Parmi les risques couverts par un contrat d’assurance prévoyance, celui de l’invalidité occupe une place à part puisqu’il figure en...
Lire la suite
Prévoyance
Date de publication
09.02.2024
Durée de lecture
7 min.

La prévoyance maintien de salaire : une protection pour les salariés et les non-salariés

Un arrêt de travail entraîne une perte de revenu pour un salarié ou un indépendant. Un contrat collectif ou individuel...
Lire la suite