C’est un chiffre qui fait froid dans le dos. D’après le baromètre annuel de la sécurité de l’exercice des pharmaciens d’officine, diffusé le 10 avril 2024 par le Conseil national de l’ordre des pharmaciens, 475 faits de violences commis envers des professionnels du secteur ont été recensés en 2023.
Comme le note le rapport, ce chiffre est en augmentation de près de 30 % par rapport à 2022 (366 faits avaient été relevés cette année-là), et même de 40 % sur les cinq dernières années (hors période de crise sanitaire liée au nouveau coronavirus). Cela signifie qu’en moyenne, au moins un pharmacien a été agressé quotidiennement l’an passé dans notre pays.
Selon le baromètre, 85 % des atteintes aux personnes se sont manifestées par « des menaces ou des injures, pouvant se produire en direct, par téléphone, sur Internet ou les réseaux sociaux ». Des gestes d’incivilité qui ont eu pour principales causes des refus de délivrance par les pharmaciens de certains produits ou médicaments (141 cas), des difficultés de prise en charge (69 cas) ou des pénuries de produits de santé. Par ailleurs, 126 faits de violences se sont matérialisés par des vols (ou des tentatives de vol), principalement pour de l’argent (46 cas) et des produits médicamenteux de type stupéfiants, anxiolytiques, antalgiques ou anti-inflammatoires (32 cas).
Toujours d’après l’Ordre, le nombre de déclarations d’agressions subies par les pharmaciens se sont principalement concentrées en Île-de-France (72 méfaits enregistrés), en Auvergne-Rhône-Alpes (65) et en Nouvelle-Aquitaine (55), ces trois régions concentrant près de la moitié des agressions déclarées. La même source indique que, « en 2023, comme en 2022, environ un tiers des pharmaciens déclarants ont porté plainte (34,5 %) et environ 20 % avaient l’intention de le faire ». Une faible proportion justifiée le manque de temps, la peur des représailles, l’absence de l’identité de l’agresseur ou, a contrario, parce qu’il s’agit d’un patient connu.