La trajectoire est bonne, mais insuffisante. Dans un numéro de sa publication « Études et résultats », rendue publique le 5 décembre 2024, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) – dont la tutelle est partagée par Bercy et les ministères sanitaires et sociaux – révèle que si le nombre d’infirmières devrait « augmenter fortement d’ici à 2025 », cette tendance ne permettra pas de couvrir suffisamment les besoins en soins de la population française vieillissante.
Le métier d’infirmières, qui comptait près de 600 000 professionnelles en activité (dont 90 000 libérales) en 2021, est « la profession de santé aux effectifs les plus importants, devant les aides-soignantes (424 000) et les médecins (228 000) », note la Drees. Mais si le nombre d’infirmières a crû de 8% entre 2013 et 2021 (soit « plus rapidement que le niveau de la population » durant ce laps de temps), le service statistique public observe que « la part des personnes âgées, plus consommatrices de soins infirmiers, a elle aussi connu une forte hausse ». D’après les « scénarios tendanciels des projections démographiques » de la Drees et de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), échafaudés sur « l’hypothèse d’un maintien des politiques de formation en vigueur et de comportements constants », il ressort que « le nombre d’infirmières serait en hausse de 37 % entre 2021 et 2050, pour atteindre 821 000 infirmières en emploi en 2050 », peut-on lire. La hausse des effectifs concernerait essentiellement les infirmières libérales au cours de cette période (+ 75 %), tandis que celles officiant en tant que salariées des hôpitaux publics progresserait « faiblement » (de 15 %), avancent les auteurs. Mais alors que la part des 60 ans ou plus devrait passer de 27 % de la population en 2021 à 33 % en 2050, la Drees estime que « pour assurer la même couverture de besoins en soins qu’actuellement (…), il faudrait 80 000 infirmières supplémentaires en 2050 par rapport au scénario tendanciel ».