Imposer un prix minimum à la vente pour certains ou tous les produits agricoles, afin de garantir un revenu correct aux agriculteurs : c’est l’objectif des « prix planchers ».
Instaurés en 1968 pour le lait en poudre et le beurre en vrac, avant d’être jugés inopérants à partir des années 2000, le dispositif revient dans le débat politique depuis la crise agricole du début d’année. Dans ce contexte, deux chercheurs ont publié, le 14 décembre 2024, une étude sur le sujet au sein de l’Institut de politiques publiques (IPP). Ils montrent que, malgré les biais préalablement observés, « un prix plancher sur la matière première peut être source d’efficacité dans les filières où les agriculteurs font face à des acheteurs ayant du pouvoir de monopsone, c’est-à-dire étant capables de peser négativement sur les prix ». Ce serait notamment le cas dans la filière lait de vache. Ils rappellent que, sur la période 2003-2018, le lait cru (non labellisé bio, ni AOP) acheté par les industriels l’a été « à un prix inférieur de 16 % aux profits marginaux qu’ils en tirent ». Et de nuancer : « Ce chiffre cache certaines disparités, notamment un pouvoir de monopsone plus important dans des départements caractérisés par une échelle industrielle plus concentrée ». Les auteurs exposent que « dans de telles filières, un prix plancher indexé sur les cours internationaux des denrées agricoles et prenant en compte les coûts de fabrication des industriels, conduirait à une meilleure rémunération des agriculteurs et à une réduction des marges des industriels à l’achat de matière première ». Ils nuancent toutefois en jugeant que « l’instauration d’un prix plancher pourrait déstabiliser la filière lait à court terme et renforcer la concentration du marché de la transformation à long terme, rendant incertain son effet sur les prix payés par les consommateurs ». Pour optimiser l’efficacité du prix plancher, ils soulignent la nécessité de mettre en place « des mesures d’accompagnement » pour soutenir la production agricole, à l’instar de subventions, de politiques commerciales et de plans d’assurance pour limiter les effets négatifs des risques climatiques.