Selon les derniers chiffres de l’INSEE (publiés en 2015), 2,8 millions de personnes exercent leur métier de façon indépendante en France – en augmentation de 500 000 depuis 2003. À l’image des 19 millions de salariés, elles estiment que la santé au travail est un enjeu majeur. Une enquête menée par le Syndicat des Indépendants et des TPE (SDI) auprès de 1 135 d’entre elles et portant sur leur qualité de vie a montré qu’elles s’attribuaient une note « santé » de 6,5 sur 10. Paradoxalement, alors que 82 % des personnes interrogées affirmaient que leur santé avait un impact direct sur leur productivité, seules 64 % déclaraient s’en préoccuper, alors qu’elles étaient 85 % à mener des actions pour… protéger celle de leurs salariés ! La raison ? Trop d’obstacles ! Aujourd’hui encore, les études indiquent que la plupart des indépendants (87 %) reconnaissent que leur statut ne leur permet ni de s’arrêter en cas de souci, ni de bénéficier d’une protection sociale optimale et ils se déclarent déçus (66 %) par leurs remboursements.
Toutefois, au 1er janvier 2018, le régime social qui leur est spécialement dédié depuis 2006, le RSI disparaît pour être adossé au régime général, ce qui pourrait changer les comportements. Car peu couverts, mal remboursés, on constate que les indépendants franchissent rarement la porte d’un médecin, qu’ils consomment peu de médicaments et surtout, qu’ils s’arrêtent moins souvent que les salariés en cas de maladie (deux jours par an pour les premiers, dix pour les seconds en moyenne). « Je n’ai pas le temps d’être malade ! » confient-ils. Et pour cause : un arrêt de travail n’a pas les mêmes implications pour eux.
Lorsqu’un commerçant, un artisan ou un dirigeant de TPE est obligé de garder le lit, il interrompt ses relations sociales et risque de perdre ses clients. D’où sa volonté de retourner rapidement sur son lieu de travail. Or, les « stresseurs » inhérents au statut d’indépendant peuvent à tout moment se manifester : surmenage, pression, objectifs inatteignables, perte de confiance en soi, burn-out. Et quand la maladie intervient brutalement, les conséquences physiques et économiques sont souvent dramatiques. Certains sont contraints d’arrêter leur activité.
« On dit souvent que la santé des indépendants, c’est la santé de leur entreprise. Au delà du slogan, c’est une réalité, déclare le Dr Pascal Perrot, médecin conseil du RSI, Régime Social des Indépendants. Nous avons des services d’accueil qui sont à l’écoute, des services qui ont la capacité d’aider les indépendants ». Les rendez-vous de prévention chez le médecin, le dentiste, l’ophtalmologiste ne doivent jamais être négligés.